Le Tai Ji Quan, cette lenteur qui n’en est pas une - suite


(2e partie : Le rythme tranquille de ma respiration)

19 AOÛT 2023


Le Tai Ji Quan, cette lenteur qui n’en est pas une - suite


M’éloigner de la frénésie des distractions qui remplissent toujours plus la vie sociale… Je respire. Mais ma respiration ne se limite pas aux poumons ; mon corps entier, moi, ne sont pas des réalités différentes, distinctes de ma respiration. Je suis entier, chaque élément qui me constitue est dans un accord incroyablement intime avec tous les autres éléments. Tellement intime que même le mot amour tel qu’on l’emploie dans la vie sociale ne convient pas.
 
 
Le Tai Ji Quan, cette lenteur qui n’en est pas une. (2e partie : Le rythme tranquille de ma respiration) 
 
Je respire, je pratique le Tai Ji Quan. 2 temps : une inspiration : un mouvement — une expiration : un mouvement. Certains mouvements me font inspirer ou expirer plus ou moins vite ou plus ou moins lentement. Cette coordination entre les mouvements de Tai Ji et ma respiration entraîne de nombreux effets dans tout mon corps. J’expire, je cherche le calme. J’inspire, je cherche le calme. Lorsque j’inspire, mes épaules ne montent pas, ma poitrine s’ouvre, le cerceau thoracique s’étend loin autour de moi, je me sens comme au bord de la mer… Lorsque j’expire, curieux, je sens le même cerceau s’agrandir loin et en même temps, un autre cerceau descendre produisant une bizarre sensation comme si mon bassin, mon Tantien, mes pieds, le sol se réunissaient pour former une seule et même chose. Cet effet me fortifie.
 
Je pratique le Tai Ji Quan et respire à 3 temps. J’expire, mon ventre en dessous du nombril se charge progressivement et se gonfle légèrement. C’est une agréable sensation qui prolonge mon expiration. Détente. Et voilà que mon ventre gonflé sous le nombril se charge du « Petit inspir », c’est un événement doux, mais qui fait bouger tout le corps jusqu’au bout des doigts, jusqu’au bout des pieds. Doux, mais suffisamment fort pour que – selon la posture – je sente mon corps projeté délicieusement en arrière, ou en haut, ou en bas. Une apnée, comme une pause, comme une paix encore, et voilà le pas qui se fait, une légère pression qui se déplace dans mon plancher pelvien qui au passage, fait bouger mon coccyx, puis mon sacrum. Une poussée du pied contre le sol et c’est l’inspiration qui se lie avec le travail de la jambe, elle qui est déjà liée au sol, et toute ma colonne vertébrale est parcourue de bas en haut par une onde qui semble délier chaque vertèbre. Une nouvelle apnée, comme une nouvelle pause, comme une paix. Je me sens haut et bas en même temps. C’est le moment merveilleux de « l’Enracinement ». J’y resterais une éternité, tant je me sens nettoyé de tout, problèmes, questionnements, hésitations, chagrins, tout redevient possible… Enfin apparaît l’expiration, sans heurts, comme si tout mon corps avait l’assurance d’aller dans la bonne direction. Et mon ventre qui se charge à nouveau… Tout recommence, non, tout commence.
 
J’ai besoin de temps pour respirer, j’ai besoin de ralentir pour vivre. Pour mieux sentir comment bougent mon corps, ma vie, ma liberté. Les mouvements de Tai Ji Quan effacent doucement ma personnalité, je disparais pour être. Pour être vivant.
 
Je respire calmement, doucement, je prends le temps d’observer quelques-uns des mouvements de la vie. Mouvements tellement nombreux que je ne saurai jamais tous les suivre, car il s’agit là d’une autre dimension, une autre échelle. Je suis dépassé par la multitude d’actions de la vie en train de vivre.
 
(À lire aussi sur le blogue : La respiration dans la pratique du Tai Ji Quan)
 

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