Expérimenter les sons porteurs de Chi

Expérimenter les sons porteurs de Chi

Je suis assis. Dans la salle, des haut-parleurs diffusent un son par intermittence. À chaque fois, dans mon ventre, des muscles se contractent puis se relâchent. Or je suis détendu et je ne fais rien. 

Je ne porte aucune de ces ceintures munies d'électrodes pour faire une « gymnastique passive » pendant qu'on se distrait en lisant son journal ou en regardant la TV. Ici, rien de ça. Tout le contraire même.

Rien n'est mécanique. J'essaie de ne pas être distrait. Je me concentre sur les muscles en question et, dès que le son survient, « ils » le reconnaissent et « ils » bougent. En fait, j'ai l'impression que le son apparaît dans mes muscles – directement, sans intermédiaire. Je n'écoute pas avec mon système auditif, mais avec mes muscles ! Ces sons travaillent là où j'ai porté mon attention, là où je suis d'accord qu'ils me travaillent. Oui, ces sons me touchent… dans tous les sens de l'expression.

Selon le son, le travail musculaire est différent, nuancé. Il y a des sons qui poussent, d'autres qui tirent. Il y a des sons qui pénètrent, qui vrillent à l'intérieur du corps. Certains pétrissent. Il y a des sons forts, d'autres doux ou tendres. Et bien plus, voilà un son qui anesthésie une douleur, un autre qui fait se gonfler les muscles, puis un autre qui les détend. Plus chouette encore : chacun d'eux est empreint de chaleur, de bon, d'attention, de bienveillance et, je n'ose presque pas le dire… de chaleur humaine, d'amour, quoi ! Voilà des sons qui font du bien, qui me font du bien. Vraiment rien de mécanique.

Plus étrange, voire insensé : à l'aide de ces sons, je parviens à faire travailler – c'est-à-dire à contracter puis à détendre – des muscles… qui n'existent pas ! En plein milieu de mon ventre, par exemple, voici le Tantien (mot chinois désignant un centre énergétique du corps), bien concret, que je fais travailler comme n'importe quel biceps. Quoique je n'ai jamais éprouvé autant de plaisir, qui se diffuse dans tout mon corps et qui me remplit aussi de joie, en faisant des push-ups ! Alors que sentir mon Tantien comme une partie de moi-même dont j'ignorais tout…

Voilà des choses étonnantes qui se passent lorsqu'on participe à un atelier avec les Sons porteurs de Chi de Vlady Stévanovitch. Grâce à ses sons, nous réalisons certaines techniques énergétiques traditionnelles pour lesquelles il faut normalement des dizaines d'années de pratique intensive avant de les réaliser !

Je pense à tel endroit de mon corps, à telle action et « ça » se passe. Cette présence sonore, avec mon accord, m'aide à agir, m'aide à me définir. Avec ces sons, c'est comme si mon attention acquérait la puissance de l'action. Ceux et celles qui ont travaillé avec un maître auront reconnu cette connivence extraordinaire qui s'installe entre le maître et l'élève. Cette guidance délicate et sûre, pourvu qu'on l'accepte. Cette entente, cette transmission a un support physique : le Chi. C'est le Chi que véhiculent les sons que diffusent les haut-parleurs de la salle.

Parfois, on croit reconnaître un piano, ou encore un orgue, un hautbois ou des cymbales, alors qu'il n'y a rien de tout ça. Il s'agit seulement d'enregistrements de la voix de Vlady Stévanovitch, sa voix comme seul instrument. Évidemment, l'homme est un grand maître de Chi ; il y a 65 ans qu'il le travaille et sa voix en témoigne. Mais il y a plus, et c'est ici que son travail devient tout à fait particulier, exceptionnel même, et qu'il a débouché, ces dernières années, sur de véritables découvertes.

Sa voix, enregistrée lors de sessions de travail personnel et donc déjà pleinement chargée de Chi, sert de matériau de base. À partir de là, c'est l'utilisation de techniques électroniques de pointe qui lui permet de séparer, d'accentuer, de prolonger, de supprimer certaines composantes des sons enregistrés. Et ce travail n'est pas réalisé comme un musicien par exemple, pourrait le faire, car ce n'est pas son oreille, ni ses goûts et ses considérations esthétiques qui le guident. Non, ce travail est réalisé par un maître de Chi qui a fait de tout son corps un instrument sensible et conscient de la réalité du Chi. C'est toute une différence.

« Par les moyens qu’offre la technologie actuelle, j’ai pu isoler les composants porteurs de Chi d’un son. J’ai pu les dissocier du son audible et les reproduire séparément. C'est peut-être le plus difficile à admettre, les sons obtenus véhiculent une « information ». Le mot information est un terme technique de l'époque actuelle. Autrefois, j'aurais dit que ces sons véhiculent un " message ". » V. Stévanovitch