Les 20 ans du Centre


(Déjà !)

12 DÉC 2019


Les 20 ans du Centre

Les 20 ans du Centre
 
Presque passé, déjà. Léger et rapide, à peine un souffle, cette 20eannée. Et tant de choses se sont passées. Au Centre, dans l'École et dans le monde. 
 
Le monde… Souvent, je pense aux enfants. Les miens, les autres. Dur, très dur. La question n’étant plus comment survivre en changeant quelques détails ici et là, faire sa part comme on dit. Cela fait écho à la situation dans laquelle je me trouvais il y a près de 40 ans. Le cul-de-sac duquel Vlady m’a sorti. 
 
J’explorais alors la photographie. J’explorais son regard qui m’apprenait le mien au travers du sien. Et ce regard photographique, je le trouvais partout. Dans toutes les formes d’art, dans la vie quotidienne, dans la pensée de tous. J’explorais l’histoire de son développement depuis bien longtemps avant l’apparition de la photographie. C’était le regard de la société. Celui que tous ses sujets adoptent par le simple fait de naître en elle. Je ne voyais pas comment en sortir. Impossible. Lorsqu’on prend conscience de ce regard, qui est une façon de penser, une manière d’être, on est déjà construit. Impossible d’y échapper. Puisqu’on est déjà fait. Comme un trou noir. On est fait ( comme des rats ) !
 
Et puis Vlady-Zorro est arrivé. In extremis. Il m’a fait sentir. Il m’a appris. Il m’a montré. Il m’a (trans)formé. Le Chi. C’était ça la solution. Ne pas regarder au-dehors, mais en dedans. Observer la vie et se trouver… là où on a toujours été. Alors qu’on se pensait ailleurs condamné à être dans ce qui n’allait pas, dans ce qu’on n’était pas. 
 
Vlady m’a montré la Vie. Pas celle à laquelle je refusais d’adhérer, mais celle que je cherchais obstinément… au mauvais endroit. Quelle délivrance !
 
Voilà que je vous raconte encore une fois cette rencontre, mais comment voulez-vous faire fi de cela lorsque je pense au Centre Pierre Boogaerts / Centre Vlady Stévanovitch ? Son nom même représente cette rencontre.
 
Cette rencontre date de 1981-82. Pour moi, c’est elle la véritable base du Centre.
 
Laissez-moi vous montrer quelques souvenirs…


La pratique quotidienne dans la forêt de Soignes aux environs de Bruxelles.



Ce sont bien sûr quelques-unes de mes photos utilisées dans le premier livre de Vlady. Ah, cette main ! Main qui sent, qui soigne, qui communique, main qui « écoute » disait-il. Avec insistance, je l’ai placée sur plusieurs couvertures de ses livres. C’est tout naturellement qu’elle s’est retrouvée sur le logo de l’École : la transformation du poing qui s’ouvre et devient la main qui écoute le Chi.
 
J’ai vu Vlady écrire ses livres n’importe où, peu importe où il se trouvait ( sur cette photo, nous étions en République Dominicaine ). Au Portugal, lorsque Colin rentrait dans son bureau et lui demandait de jouer avec lui, Vlady déposait sa plume en plein milieu d’une phrase. En revenant une heure après, il poursuivait la phrase et la suite du livre comme s’il n’y avait eu aucune interruption. 
 




La Belgique, le Canada, la Tunisie, le Canada, la Grèce, le Canada, la France, le Canada, la République Dominicaine, le Canada, le Portugal et finalement le Canada… Ceci pour simplifier l’itinéraire.



Le Portugal, ce grand projet qui fut d’abord celui d’une cabane pour quatre personnes et qui est devenu bien vite celui d’un Centre international. Avec l’expansion de l’École, Vlady a accepté l’offre de Jean-Noël : le Centre d’Oppedette. Pendant quelques années, le centre du Portugal devint le Centre M.N.V.P. où je donnais mes stages lorsque je n’étais pas à Montréal.



En 1995, Vlady me confiait la mission de le représenter durant les stages d’été qui se tiendraient au Québec alors que lui-même dirigeait ceux organisés en Europe. Quatre ans plus tard ( et quatre stages d’été plus tard ), trois mois à peine après le Grand stage d’été de 1988, le Centre Pierre Boogaerts / Centre Vlady Stévanovitch naissait au Québec. Coordonné par Robert Couture, sans qui ce projet ne se serait jamais réalisé, avec l’enthousiasme et l’aide financière d’amis européens et québécois et aussi avec l’aide pratique de plusieurs.



Et Vlady d’y donner quelques stages…





« C’est au Québec que je retournerai avec une joie toute particulière. Je n’oublie pas l’accueil chaleureux que j’y ai reçu, comme ailleurs. Mais c’est au Centre Pierre Boogaerts que je retournerai avec un plaisir que je vous souhaite de découvrir à votre tour. L’endroit déjà est exceptionnellement bon, comme peut-être la terre vierge, la nature non souillée. Et la maison est une maison vraie, vivante, émouvante. On y est bien du seul fait d’y être, d’y travailler. » écrivait Vlady Stévanovitch dans Le Bulletin de septembre 2001.



En août 2005, ma mère s’est éteinte ; en novembre de la même année, Vlady aussi.
La vie d’un Maître est une suite de leçons pour l’élève. Sa mort aussi.


Le Centre, vingt ans déjà !
 
C’est un grand bonheur. Je suis entouré d’amis. Ils m’aident. Ils font l’expérience quotidienne du Chi. Le Centre est un outil formidable pour l’École. Je continue, j’enseigne, je forme des élèves et des professeurs. Je montre. Je me bats aussi. Je sais, c’est bien peu de chose en regard de la situation mondiale. Tu avais raison Vlady, elle n’a fait qu’empirer. Mais je continue : l’Art du Chi, l’essentiel… 





« Rien n’est plus facile que le bonheur, il suffit de vivre », il me l’a écrit sur des feuilles de papier disposées sur le berceau de ma fille. Je n’oublie pas.
 
Les premiers 20 ans touchent donc à leur fin. Je suis, nous sommes, tous prêts pour les 20 suivantes. 
 
Je te salue Vlady, mon Maître, mon ami. Je souris ( je sais que c’est le plus beau cadeau que je puisse te faire ), je te sens dans l’air, dans le souffle, en équilibre dans le vent, dans ma vie.







PS : Pour ceux que cela intéresse ou qui voudraient se souvenir, j’ai constitué tout au cours de l’année, un album photos-souvenirs, depuis la construction du Centre jusqu’à aujourd’hui. Il est visible sur la page Facebook de l’École Québec.






 



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