Corps en vie-volonté-action


(Le vivant veut)

11 MAR 2022


Corps en vie-volonté-action


Curieux ! Ce sont des concepts, des abstractions, ils nous reflètent, nous représentent, et bien plus puisqu’ils nous permettent de penser et de nous exprimer. Ils sont notre vérité, même s’ils la dépassent parfois. Leur usage est quotidien, tant pour nous-mêmes que pour les autres. Notre vie en est remplie. Ils expriment à la fois notre liberté et notre emprisonnement. Ils sont le bien et le mal. Ils dessinent les patries, les dieux, la vie, la nature, la Terre, l’infini… Souvent trop nombreux, parfois insuffisants, ils trompent et sont faux, retords, cruels ou tout le contraire, subtils, élogieux, beaux, amoureux. Bien qu’incommensurablement limités, sans eux, nous risquons la folie. 
 
Les mots, ils ne sont que des mots. On s’y accroche jusqu’au tournis alors qu’il faudrait parfois en faire fi.
 
Dans un cours, l’enseignant dose ses mots. Peu importe s’ils sont nombreux ou rares, ils doivent rester branchés très physiquement sur le Tantien par l’Effort centré.
 

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Curieux ! L’Art du Chi nous apprend à décider. Finis les « peut-être » et les « on verra bien » auxquels la vie des mots et la vie en société nous ont habitués, et qui nous mènent inexorablement vers l’indécision et l’inaction que représentent les deux côtés de la médaille dont les médias et les bien-pensants font semblant de tenir compte. L’Art du Chi nous apprend à ne pas peser le pour et le contre et simultanément, il nous apprend aussi à ne pas nous laisser emporter par nos émotions, nos tripes ou notre système nerveux. 
 
Avec l’Art du Chi, les décisions deviennent faciles puisqu’il y a de moins en moins de questions. Ne reste que l’action. Mais, quelle action ! Comme une décision agissante à chaque instant, une décision qui s’adapte en continu supprimant l’hésitation du questionnement. Une action qui coule de source et qui ne dépend plus de l’individu, de sa personnalité, de son jugement et de ses connaissances, et pourtant qui est l’expression même de sa liberté. Rien à voir donc avec un simple réflexe ou un quelconque conditionnement ou autre lavage de cerveau. Comme métaphore, regardez ces vols d’étourneaux qu’on appelle murmuration en anglais ou encore les mouvements de certains bancs de poissons. 
 
Une action qui semble tellement facile, mais qui n’est pas simple ! Car dans cette action continue, voilà retrouvée la profondeur abyssale de la réalité, loin de toute simplification vulgaire. L’action me dépasse, elle n’est plus analysée car elle coule directement de la source de la vie. Grâce à cette source, je trouve ma place dans l’univers, grandeur, humilité, respect, altruisme… sans déification. Je retrouve le cordon ombilical originel, celui qui me lie à la vie.
 
Un mouvement de Tai Ji Quan s’exécute sans hésitation, c’est comme ceci même si ce mouvement peut être aussi comme cela. Même chose dans la pratique des techniques de Chi. Mais contrairement au « n’importe quoi » et au « tout est bon », ce sont l’écoute et la répétition qui permettront au corps de se placer progressivement pour mieux se connecter à la source.
 
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Curieux ! L’Art du Chi nous apprend le corps. Pas celui de la science, encore moins celui des dogmes et autres schémas réducteurs. Mais celui du corps en vie. Ce corps-là exige une science qui reconnaîtrait l’œuvre de la vie non plus uniquement au travers de la causalité. Une science qui admettrait que la vie est la plongée de la volonté dans la matière. Aïe, qu’est-ce que je viens de dire ! Une science qui aurait donc l’expérience du Chi. C’est ce corps-là que l’Art du Chi nous apprend, celui du vivant qui veut. 
 
Qu’on remplace la matière par les ondes électromagnétiques, comme l’ont fait les extraordinaires scientifiques qu’ont été les professeurs Benveniste et Montagnier, ne change rien, car il s’agit toujours de causalité. De même si aujourd’hui la science possède des instruments créant de prodigieuses extensions de nos sens, celles-ci sont toujours destinées au mental. Dans l’Art du Chi, l’extension est le Chi qui lui, est destiné au Tantien et est totalement incompréhensible pour le mental. Si le Tantien est bien devenu notre centre, notre être, notre moi, il devient notre corps par une sorte de stéréognosie procurée par… l’Effort centré, encore une fois. 
 
Toutes nos techniques mènent à ce corps en vie-volonté-action. Ce corps qui s’harmonise avec la vie. Lorsqu’on a suffisamment d’expérience, de pratique et avec le « Xy », on ne peut se tromper. Au cours d’une pratique de Tai Ji Quan ou de Chi, même s’il y a dix mille actions possibles, nous emprunterons toujours la bonne voie, celle qui convient à la vie à l’instant même de l’action. L’action de ce corps-là est silence. Ce silence-là est communication.



 
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Curieux ! Ce ne sont pas que des mots. Pas plus qu’un fatras démagogique, une kyrielle de bonnes intentions ou une accumulation de pensées magiques. Tout se trouve bel et bien dans l’Art du Chi. Il suffit de chercher, avec respect et humilité. Et d’être bien guidé.
 
Car logiquement, qui penserait trouver le sens de la vie dans le corps et ses mouvements ? Pas assez nobles ? Pas assez spirituels ? Pourquoi faudrait-il que la noblesse et la grandeur se découvriraient, aujourd’hui ou demain, dans je ne sais quelle immense découverte scientifique ? Alors que de simples mouvements du corps peuvent induire ceux d’une respiration particulière, qui entraîne… et qui… et ainsi jusqu’à la conscience et la conscience de la conscience…
 
Mais n'allons surtout pas penser que l’Art du Chi est une assurance, une garantie, et que la transcendance arrive à tout coup. Comme toutes les Voies, l’Art du Chi ne convient pas à tout le monde ou plus exactement, tout le monde n’y trouvera pas les mêmes choses. Facile oui, mais pas simple, disais-je plus haut. L’attention, l’écoute dégagée d’une volonté de trouver et même de bien faire, alors parfois, par moment, quelque chose se passe qu’on analysera ou pas par la suite, quand on l’aura vécue.
 
Samadhi, comme un coup de poing en pleine gueule. Une secousse capable de dégager le bonheur coincé dans tous les engrenages de notre être. C’est toute une commotion ! Même pour nous qui sommes entraînés – aguerris serait plus juste – car bombardés de façon ininterrompue par le bruit assourdissant des infos, des divertissements, des pubs, des politiques et des lobbys de toutes sortes qui dictent nos pensées. 
 
Quoi, le corps, l’équilibre, le geste et l’action justes pourraient créer un tout autre avenir sur Terre ?






 



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