1er jour d'un stage 127 postures


(Où il est question de racines...)

14 JUN 2023


1er jour d'un stage 127 postures


Premier jour d’un stage 127, les participants sont donc tous des « avancés ». Comme souvent, la première séance du matin est consacrée à effacer. Nettoyer les corps de l’énervement du voyage jusqu’au Centre, de la vie habituelle, de la civilisation, de toutes ces habitudes, de ces formations ancrées tellement profondément en nous que… ce serait utopique de penser les nettoyer vraiment. Mais nous y travaillons, peut-être simplement pour nous rendre compte que nous avons pris l’habitude d’être attentifs à certaines choses et pas à d’autres. Ces autres perceptions sur lesquelles j’attire l’attention des élèves sont comme de véritables fouilles qui s’ouvrent sur une découverte : la découverte de l’autre. De celui ou de celle qu’on ne connaît pas, parce que bien caché dans notre corps. L’autre est nous-même.
 
Nous travaillons le Chi en passant par le corps, disait Vlady. Et le corps, ce sont des muscles, des articulations, des tensions et de la souplesse, des douleurs aussi. Cet autre, celui ou celle qu’on est en dedans, en profondeur, et qui est un peu plus juste, un peu plus vrai parce qu’il n’est pas encombré d’affects, de pensées et d’états d’âme, cet autre, c’est notre corps en vie. Quoi de mieux alors pour le percevoir que nos exercices habituels : la Roulade, les Épaules et l’Horloge pour le bassin ? C’est notre façon de faire ces exercices qui délogera progressivement nos habitudes de perception du corps et de la réalité en général.
 
Petite pause, thé et discussions inévitables entre amis.es qui se retrouvent. Ensuite, une pratique des deux premières sections de la forme. 
 
Ma pratique est lente, très lente ce matin. Pour s’ajuster à mon rythme, les élèves doivent être attentifs, très attentifs, à chaque instant. Et à chaque instant ils risquent également de retomber dans leur rythme habituel. Je prends tout le temps nécessaire à une bonne articulation des postures. Ma lenteur me permet de mieux observer les mouvements « standards » du Chi dans mon corps, le « Petit circuit », le « Passis through », « l’enracinement » et tant d’autres choses. Ce qui se passe dans mon corps doit être perçu dans le corps des élèves, leur corps doit devenir le mien ou tout au moins se mettre en résonance avec le mien. 
 
Grande attention, d’eux envers moi et de moi envers eux.
 
À midi, on dîne. Puis nous passons aux corrections de postures. En fait, ces corrections je les fais en fonction de la pratique du matin. Corriger, pas nécessairement parce que le mouvement est mauvais ou qu’il est fait sans Chi (ce sont des élèves avancés, ne l’oublions pas), mais parce qu’il découle d’habitudes et ne colle pas au mien, celui que je fais maintenant, toujours différent, même si c’est la même posture qui se répète.
 
À travers ces corrections, c’est l’orientation de notre attention qui se révèle. Cette fameuse logique du corps, qui n’est autre que la cohérence du corps avec la vie sur Terre. Tout le contraire de ce qu’on a appris et de ce qu’on fait en civilisation où règne l’assimilation du corps aux doctrines, aux rêves et croyances, aux espoirs, aux raisonnements et à la logique apprise en société. 
 
Ainsi, les mouvements doux et fluides du Tai Ji Quan n’ont-ils rien à voir avec la douceur et la fluidité de corps glissant sur le sol. Il s’agit au contraire de faire travailler les jambes afin qu’elles poussent contre le sol et que ces poussées parfois très fortes soient captées (interceptées, bloquées) par le Tantien, dans le ventre. Alors, le Tantien peut devenir la Terre. C’est seulement alors que nous nous « enracinons ». Cela n’a rien de poétique, de spirituel ou d’intellectuel, c’est physique. Il n’y a pas que les plantes et les arbres qui ont des racines, tout ce qui vit, marche, rampe ou vole, les possèdent. Il n’y a que l’humain pour l’ignorer et se couper de ce qui le nourrit et lui permet de vivre.
 
Dernière séance de la journée, courte et dans le dojo, car la précédente a débordé largement de l’horaire habituel. Celle-là je l’ai enregistrée, et si cela vous tente, si vous êtes élève de l’École, si vous avez suffisamment de pratique, écoutez-la. J’entends par là : faites participer votre corps à cette séance, ne l’écoutez pas avec votre tête, mais avec tous vos muscles, vos os, votre sang, votre Chi, votre vie.
 
Lien vers l’enregistrement




 



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L’Art du Chi est un art millénaire. Il est diffusé dans plus de 15 pays par les enseignants de l’École de la Voie intérieure, fondée en 1988 par Vlady Stévanovitch, reconnu l’un des maîtres les plus subtils de l’époque moderne en Occident.

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